Où est notre Académie ?

🏾Je vous écris l'âme en peine aujourd’hui mes Experts.

Profondément triste et ceci date depuis quelques années. Triste comme une mère qui regarde un héritage s’effacer sans pouvoir le protéger. Triste comme une enfant qui cherche une maison qui n’a jamais été construite.

🏾Je parle ici d’une maison que nous devrions tous partager : une Académie de la Nutrition Tropicale.

Un lieu sérieux. Officiel. Visible. Stable. Où seraient rassemblées, codifiées, valorisées et protégées toutes nos richesses alimentaires issues de chacunes de nos régions respectives, des lieux humides, volcaniques, sablonneux, luxuriants, salines de nos tropiques.

🏾Je me demande avec une boule dans la gorge :

Est-ce que cette académie existe quelque part ?

Est-ce moi qui cherche mal depuis si longtemps?

Est-ce qu’elle se cache dans les couloirs d’une université, dans les pages poussiéreuses d’un rapport oublié ?

🏾Si c’est le cas, je vous en prie… éclairez-moi. Éclairez-nous.Je rêve que quelqu’un, là, maintenant, me dise : « Mais oui ! Elle est là, voilà son site, son programme, ses archives, ses congrès. »

🏾Mais si elle n’existe pas, alors il faut qu’on ose poser la question :

Pourquoi ?

Pourquoi n’y a-t-il pas une autorité scientifique et culturelle qui documente les valeurs nutritionnelles de nos aliments tropicaux de manière cohérente, rigoureuse, reconnue internationalement ?

Pourquoi n’avons-nous pas une base de données fiable où chacun de nous retrouverait les bienfaits de l'Adèmè, de la sauce Gnangnan, du Tombo-tobogui, du Achu black soup des écorces, épices qu’utilisaient nos aïeux et j'en passe... ?

Pourquoi n’avons-nous pas encore un inventaire des recettes traditionnelles du Sénégal, du Bénin, de la Martinique, d’Haïti, de la Réunion, du Congo, de Madagascar… avant qu’elles ne disparaissent avec ceux qui les portaient à la bouche et au cœur ?

Pourquoi n'avons-nous pas, des congrès internationaux où les nutritionnistes tropicaux se rencontrent, partagent leurs recherches, innovent ensemble, bâtissent une vision commune ?

Pourquoi n’avons-nous pas une structure solide qui permettrait aux diplômes africains en nutrition d'obtenir des équivalence internationale reconnus ailleurs sans avoir besoin de repartir sur les bancs ?

Pourquoi n’avons-nous pas, tout simplement, un repère, une Académie, un haut conseil scientifique pour ce que nous mangeons, pour ce que nous sommes, pour ce que nous transmettons ?

🏾Je vous pose ces questions, chers Experts, parce que je ne peux plus les porter seule.

Et parce que je sens, de plus en plus fort, que c’est notre devoir collectif de faire émerger cette voix, cette structure, cette maison.

Nos aliments ne sont pas juste délicieux.

Nos recettes ne sont pas des curiosités folkloriques.

Nos savoirs ne sont pas « exotiques ».

Ce sont des patrimoines.

Ce sont des puissances.

Ce sont des solutions pour le monde d'aujourd'hui.

🏾Alors si cette Académie existe déjà, je suis toute ouïe. Et si elle n’existe pas… alors peut-être qu’il est temps que nous, les Experts, l’imaginions. La rêvions. L’écrivions. Et pourquoi pas… la bâtissions.

Avec gravité, mais aussi avec espoir.

Avec respect pour ceux qui ont ouvert la voie.

Et avec amour pour ceux qui viendront après nous.

Mais alors… par où commencer ?

Est-ce aux gouvernements de porter cette vision ?

Aux universités, aux organisations internationales, aux chercheurs indépendants, aux ONG locales ?

Quelles sont les structures qu’il faut saisir, interpeller, impliquer ?

Existe-t-il des démarches officielles, des statuts juridiques, des fonds à solliciter, des réseaux à mobiliser pour initier ce type d’académie ?

🏾Je suis consciente que je n’ai pas toutes les réponses. Mais je crois profondément que nous, ensemble, pouvons les faire émerger.

Et c’est pour cela que chacune de vos contributions de la sont précieuses.

Une idée, un contact, une adresse, une compétence, une piste de réflexion…

Même minuscule, chaque pas peut compter.

Je nous invite donc à ouvrir la discussion, à oser rêver ensemble, mais surtout à commencer à agir, chacun à son niveau.

Partage cette publication. Peut-être qu’en la diffusant, nous ferons jaillir des réponses, des solutions concrètes, ou qu’elle tombera entre les mains de ceux qui peuvent concrétiser ce rêve collectif.

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Et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, notre collection d’ouvrages sur l’alimentation tropicale est un point de départ puissant pour reconnecter avec nos savoirs: