" Je ne peux jamais manger le Nkui yichh", "Soumbala ressemble à c*c*de chèvre", Adjovan envoyé sur ressembler sour*s morte", depuis quand on mange "la pâte/couscous avec lasauce tomate, fronchemon des béninois...
Quand nous détruisons nos plats avec nos propres mots...
Aujourd'hui, je vous écris malgréée.
Meurtrie de constater que ce sont nos propres langues qui assassinent nos plats.
À maintes reprises, j'ai vu nos frères se moquer d'un plat parce qu'il est collant. D'autres l'ont rejeté juste à cause de son apparence. J'ai vu des vidéos où des personnes d'un même pays insultaient les repas de leurs propres régions… Et pire encore, entre pays voisins, des invectives s'échangent pour dénigrer le patrimoine culinaire de l'autre.
Tout cela, pendant que nos plats, déjà peu documentés et rarement valorisés, peinent à sortir de l'ombre.
Oui, regardez autour de vous.
Sur les pages de cuisine, dans les familles, dans les rues : combien de fois avons-nous entendu un frère comparer un plat africain à la m$rde à cause de l'apparenc? Ou le traiter de dégoûtant à cause de la texture, ou de la combinaison du plat jugée insolite ?
Combien de fois avons-nous vu deux peuples africains s'invectiver sur la valeur de leurs repas, se cracher dessus comme si nos cuisines étaient des poubelles à ciel ouvert ?
Ce ne sont pas de simples moqueries.
Ce sont des gifles à l'histoire.
Ce sont des coups de couteau à notre dignité culinaire.
Quand tu ris d'un plat, tu ne ris pas seulement d'une texture ou d'une odeur.
Tu ris du climat qui l'a vu naître.
Tu ris du génie des femmes qui l'ont inventé pour nourrir malgré la sécheresse, malgré les guerres, malgré les famines.
Tu ris de la mémoire des ancêtres qui l'ont transmis, génération après génération.
Et chaque insulte, chaque moquerie, chaque comparaison humiliante ne fait que construire cette vieille idée toxique : que ce qui est bien vient forcément d'ailleurs, que ce qui est "propre" est emballé, que ce qui est beau se trouve dans un supermarché.
Mais depuis quand l'apparence détermine la valeur d'un plat ?
Depuis quand une texture gluante ou une couleur sombre enlève la puissance nutritionnelle d'un mets ?
Depuis quand insulter mutuellement nos plats, est-ce faire avancer notre richesse culinaire ?
Assez!
Nos plats méritent mieux que nos crachats.
Ils méritent le respect. Même ceux qu'on ne mange pas, même ceux qui nous paraissent étranges.
Parce qu'un plat, avant d'être une saveur, est une réponse : à un climat, à une terre, à une histoire.
Avez-vous déjà vu un Français dénigrer son Maroilles ? Se moquer de son Roquefort, de son Époisses ou de son Munster ?
Et pourtant… ces fromages sentent très très fort, on assimile leur odeur à de l'urine fermentée (juste pour vous donner une idée) et pourtant les Français en sont fiers, ils en parlent comme d'un trésor national, ils les servent dans leurs plus grands repas.
Avez-vous déjà vu un Américain critiquer leur burger ?
Et pourtant… c'est l'un des aliments responsables de l'épidémie d'obésité qui ravage leur continent. Mais non : ils en ont fait une icône mondiale, un symbole de puissance, exporté dans chaque ville de la planète.
Avez-vous déjà vu un Libanais /Syrien dénigrer son kibbeh nayeh (viande crue hachée assaisonnée) ?
Et pourtant… pour un étranger, manger de la viande crue hachée peut sembler dangereux, peu appétissant, voire rédhibitoire. Mais au Liban, en Syrie et ailleurs, c'est un symbole d'hospitalité et de raffinement culinaire.
Avez-vous déjà vu un Asiatique insulter ses nouilles fermentées ou son natto ?
Et pourtant… leur texture est gluante, leur odeur parfois insoutenable. Mais eux y voient une identité, un marqueur culturel, une fierté culinaire.
Avez-vous déjà vu un Mexicain se moquer des chapulines (sauterelles grillées) ?
Et pourtant… pour d'autres, c'est répugnant. Mais au Mexique, c'est une fierté, une source de protéines, un snack servi avec fierté dans les stades et les marchés.
Et pourtant, dans ces cultures, même les plats les plus « difficiles » sont valorisés, magnifiés, portés comme un drapeau. Ils ont compris que la force d'une civilisation, c'est de transformer en richesse ce que d'autres appelleraient faiblesse.
Cordialement les autres peuples chers Experts....
Alors je pose la vraie question :
Qu'avons-nous, nous Africains, à nous déchiqueter ainsi ?
Pourquoi choisir la moquerie au lieu de la curiosité ?
Pourquoi piétiner nos propres marmites au lieu de chercher la beauté qui s'y cache ?
Assez! Je le redis:
Nos plats méritent mieux que nos crachats.
Ils méritent le respect. Même ceux qu'on ne mange pas, même ceux qui nous paraissent étranges.
Parce qu'un plat, avant d'être une saveur, est une réponse : à un climat, à une terre, à une histoire.
Faisons les choses autrement, ici et maintenant !
En commentaire, écris le nom d'un plat africain que tu n'aimes pas spécialement ou que tu trouves étrange, mais cette fois-ci, associez-y un qualificatif positif.
Exemple : « Le Mfumbwa a une couleur surprenante, mais ses feuilles régulent la tension artérielle"
« Je ne mange pas le foutou, mais j'adore sa jolie couleur jaune »
Allongez la liste de mes experts.
Parce que c'est ainsi que commence le changement : dans nos paroles, dans notre regard, dans notre manière de raconter nos propres trésors.
Partagez cette vérité.
Secouons les consciences.
Si nous ne protégeons pas nos trésors culinaires, qui le fera ?
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Josie-K, Experte en Nutrition Tropicale depuis 2010. Auteure de 17 ouvrages à succès.
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