Il y a des vérités qu'on découvre trop tard… comme celle qui cache la

Il y a des vérités qu'on découvre trop tard… comme celle qui cache la peau fine des arachides, que nous arrachons sans remords depuis des générations.

Il y a des gestes que l'on croit anodins… jusqu'au jour où l'on comprend qu'ils nous ont éloignés de l'essentiel.

Je nomme ici ce geste devenu banal : retirer la pulpe des arachides avant de les utiliser dans nos recettes préférées.

Geste automatique je m'en doute, mais dans quel objectif au juste ? Souci de l'esthétique ? Modernisme aveugle ? Réflexe hérité ? Ou simplement… Une ignorance subtilement transmise de générations en générations et ceci, sans remise en question ?

Je m'inclus à l'intérieur de ce que j'accuse, j'ai par le passé moi-même dépulpé les arachides plus jeune, pour préparer les sauces.

C'est ce qu'on m'avait appris, c'était aussi ce que je voyais autour de moi. Je croyais bien faire, en répétant un geste devenu rituel, sans jamais me demander ce qu'il nous faisait perdre.

Et pourtant, nos ancêtres n’en faisaient rien. Eux, ils grillaient l'arachide et l'écras entière étaient pulpe comprises.

Ils savaient, sans forcément avoir les mots scientifiques, que la pulpe était une bénédiction. Qu'elle donnait du corps, de la densité, du soin au plat. Ils n'avaient pas eu besoin d'études, parce qu'ils avaient l'intuition du vivant.

Mais aujourd'hui, c'est comme si on avait renié cette sagesse. Comme si nos sauces contenant les arachides devaient être lisses, "propres", sans aspérité… comme nos vies qu'on veut sans rides, sans taches, sans ombre.

Et pourtant…

La pulpe d'arachide, qu'on appelle souvent à tort « peau » ou « enveloppe », est un trésor pour notre santé. Voici ce que nous perdons à chaque fois que nous la jetons :

Des fibres solubles et insolubles : précieuses pour notre transit, notre satiété, notre santé intestinale. Elles réduisent également le risque de diabète et de cholestérol.

Des polyphénols : ces antioxydants puissants qui protègent nos cellules, soutiennent notre cœur et luttent contre l'inflammation.

Des flavonoïdes : alliés contre le vieillissement cellulaire, protecteurs du système immunitaire.

Des composés anti-microbiens naturels : capables de freiner certaines bactéries dans le tube digestif.

Des pigments protecteurs : particulièrement présents dans la pulpe violette ou pourpre, que nos cultures ont peu à peu abandonnées, au profit d'arachides plus claires, plus « modernes », moins intenses. "l'attrait du ndjansang est partout, jusque dans les arachides !)

Comment avons-nous pu éliminer de nos champs, de nos marchés, les variétés d'arachides les plus riches, simplement parce qu'elles coloraient trop la sauce ?

Parce qu'elles ne rentreraient plus dans les codes esthétiques des temps modernes ?…

Je nous posons la question avec respect :

Une sauce d'arachide un peu plus foncée…

Nous retirons-t-elle vraiment le goût ?

Nous enlève-t-elle la joie de manger ?

Est-ce que la santé de nos enfants mérite une sauce plus blanche, mais plus vide ?

Car c'est bien cela : on a blanchi nos sauces, mais on les a vidées de leur substance. On a adouci l'image, mais on a affaibli la force.

Et si on décideit de cuisiner le ndolè sans épulper les arachides ?

Et si on choisissait de valoriser les sauces d'arachide pour lesquelles la pulpe n'a pas été enlevée ?

Et si on n'achetait désormais que des arachides non dépulpées, en bouteille, pour les servir fièrement comme apéritif ?

Et si, aujourd'hui, on redonnait toute sa place à la culture des arachides à pulpe violette foncée, les plus oubliées, mais aussi les plus riches ?

Qu'en dis-tu ?

Trois conseils pour renouer avec ce geste sacré :

Cessez d'enlever la pulpe : grillez vos arachides, puis écrasez-les entières. Vous gagnez en goût, en nutriments, en authenticité.

Recherchez les variétés pourpres sur vos marchés ou dans vos villages. Encouragez ceux qui les cultivent encore.

Parlez-en autour de vous : à votre famille, vos enfants, vos voisins. Expliquez pourquoi ce petit geste a tant d'importance.

Partage cette vérité.

Sensibiliser, transmettre ce message autour de toi.

Car ce n'est pas seulement de nutrition qu'il s'agit, mais aussi de mémoire, de dignité, de transmission...

Aujourd'hui, ce n'est pas seulement notre sauce qui peut changer.

C'est votre façon d'habiter l'héritage.

Et ça, c'est puissant.

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